Pitch



Céleste, star excentrique de la télé, est bien décidée à marier son fils unique, toujours célibataire à trente ans. Tout doit se jouer ce weekend, mais l'arrivée de son séduisant notaire et d'une prétendante imprévue va bouleverser ses plans. Un véritable mariage contre la montre va alors s'engager... Et tout cela en musique  !

Mais laissons parler les comédiens eux-mêmes :

Gwendal Marimoutou / Jules Fabre

C’est l'histoire de Pierre, mon personnage, le protagoniste, qui, à trente ans, est toujours célibataire pour de mauvaises raisons. Il devra affronter les plans machiavéliques de sa mère, Céleste, pour lui trouver l’âme sœur. Au cours du weekend, Pierre va trouver le courage de tracer son propre destin et apprendra qu’il faut accepter de se mettre à nu pour mériter le bonheur.

Denis Lefrançois

Mais non, le protagoniste, c’est mon personnage, Luc, le meilleur ami de Pierre. C’est lui qui va déjouer, bien malgré lui, les plans de Céleste visant à le marier contre son gré. Grâce à Luc, Pierre a une chance de trouver l’amour et Céleste ne s’en tire pas trop mal non plus. Je suis assez content de ce que je fais. Tout finit tiguidou ! Bref, tout est bien qui finit bien… à une exception près. Mais on ne fait pas d'omelette sans casser des œufs…

Blandine Métayer

Qu'est-ce qu’il ne faut pas entendre !

C’est moi, Céleste, le personnage central de cette pièce. C’est vrai, je pense avoir trouvé l’épouse idéale pour Pierre, mon fils de trente ans qui persiste à rester célibataire. Et si Luc avait fait son boulot correctement comme je le lui ai demandé, tout se serait déroulé selon mes plans… Enfin presque. J’adore mon fils, et comme tous les hommes, il ne peut vraiment savoir lui-même ce qui est bon pour lui. Non ? J’ai donc forcé un peu le destin. Bon j’avoue que j’ai peut-être été l’arroseuse arrosée, mais on ne peut pas tout prévoir. Et tout comprendre. 

Raphaël Hidrot

C’est pour moi que tu dis ça ?

Je ne suis peut-être pas aussi rusé que Céleste, mais c’est tout de même mon arrivée imprévue chez elle qui va faire décoller l'intrigue. Sans moi, qui joue le notaire, tout le monde ferait du sur place. Car sachez que c’est quand même moi qui sort Céleste du pétrin et qui n'hésite pas à donner de sa personne pour faire avancer l'intrigue. Ça mérite largement le titre de protagoniste. Et c’est pas parce que je passe une partie du temps dans le placard que je ne suis pas le rôle principal. La preuve, c’est à moi que Céleste confie la mission la plus délicate de l'histoire.

Mélodie Fontaine

Et voilà ! Comme d'habitude, quand personne n'est d'accord, c’est toujours mon personnage, Marie,  qu’on appelle pour trancher le nœud gordien. Mais pourquoi choisir le protagoniste ? Tous les comédiens sont clés dans cette histoire. Chacun, tout en poursuivant sa quête personnelle, a besoin de l’autre et c’est ce qui fait le charme de cette pièce. Les triangles amoureux sont présents, comme dans la vraie vie, mais ils sont traités non pas sous l’angle habituel de la conquête, mais celui de la liberté. Que signifie aimer vraiment quelqu’un ? L’aime-t-on pour soi ou pour la personne aimée. L’amour peut-il aller jusqu’au renoncement de l’être aimé ?

Le mieux pour trancher, c’est d’aller voir la pièce.

 


Note d'intention du metteur en scène



Boulevard et vaudeville, ce sont les deux termes qui me viennent en premier à l’esprit lorsque je tente de définir le genre de la pièce du Québécois Side « Mariage contre la montre ».

Boulevard, car dans « Mariage contre la montre », comme dans tous les bons boulevards, les portes claquent, les péripéties, les renversements de situation et les quiproquos se succèdent pour notre plus grand plaisir.

Vaudeville car le spectacle est agrémenté de chansons populaires dont les textes ont été détournés. Chanter, dans la comédie, est un classique, de Molière à Labiche en allant jusqu’aux Caramels fous ou l’Ultima récital, mais un boulevard musical, ce n’est pas si fréquent.

Pour donner plus de force à cette particularité, les comédiens seront accompagnés en direct par un pianiste. Ce musicien aura des qualités de comédiens puisqu’il sera également amené à interagir de temps à autre en lien avec l’action sur le plateau. Ce sera un travail qui naîtra en répétant ces chansons qui vont toucher toutes les générations, puisque Side pioche aussi bien dans les tubes des années 80 que dans le répertoire de Mika ou Black M.

Il est vrai, hélas, que les termes boulevard et vaudeville ont une connotation datée. Mais « Mariage contre la montre » est une pièce résolument contemporaine, ancrée dans notre époque par ses thématiques.

Sans déflorer dans cette note de mise en scène la conclusion de l’histoire, je peux tout de même révéler que sous couvert de comédie, « Mariage contre la montre » interroge la définition du couple tel que nous tentons de l’appréhender à l’époque du mariage pour tous. Sans avoir l’air d’y toucher, « Mariage contre la montre » est bien une pièce de mœurs !

La pièce est aussi contemporaine car l’auteur a su puiser dans la culture télévisuelle pour dynamiser son propos. J’ai ainsi pour autre référence le genre télévisuel de la sitcom. Deux séries particulièrement déjantées me serviront de référence « Le Cœur a ses raisons » (Québec) et « Absolutly Fabulous » (Grande-Bretagne). Side est un auteur québécois, héritier des formes de divertissement anglo-saxonnes. Pour lui, le comique de situation, le rythme et l’action priment sur la psychologie. Alors nous rangerons la psychologie aux vestiaires et mettrons en jeu le corps, la voix, les émotions.

Dès lors, ma ligne de conduite de metteur en scène est claire : être résolument moderne (dans les décors, les costumes, le casting de la pièce) tout en donnant un tempo endiablé à ma mise en scène. Ce rythme soutenu est attendu par les spectateurs habituels des pièces de boulevard comme par le public jeune (qu’on espère en nombre) habitué à l’humour des sitcoms et des Youtubeurs. Comique de situation d’une part, et punchlines par ailleurs.

Et puis comme le texte n’hésite pas à descendre en dessous de la ceinture, nous serons gentiment provoquant. Mais toujours dans le but de faire remonter le rire jusqu’aux zygomatiques.

Le rire est le seul véritable objectif de la pièce, même si le spectateur sera curieux de découvrir comment Céleste atteindra ses objectifs plus ou moins louables.

Je proposerai donc une mise en scène rythmée, n’hésitant pas à accélérer les actions comme le débit de parole des comédiens quand cela sera nécessaire.

Les curseurs seront poussés à l’extrême, à la limite de la parodie même, sans perdre la sincérité qui est pour moi la clé, la seule façon de faire croire aux spectateurs à n’importe quoi ! Nous chercherons donc la vérité des personnages pour mieux l’exagérer sur scène.

Au sujet de la scénographie :

Comme dans de nombreux boulevards, le lieu de l’action est un salon. Je voudrais me jouer des « pièges » de ce lieu en ne mettant pas de canapé sur scène au centre du plateau !!!

J’imagine plutôt quelques assises minimalistes, comme si Sofia n’avait pas imaginé que ses invités aient envie de s’asseoir. La situation se doit d’être inconfortable, de privilégier encore une fois l’action et le mouvement.

L’incontournable table basse sera remplacée par une desserte sur roulette pour autoriser là aussi du mouvement et la modulation de l’espace de jeu.

Tous ces éléments « verticaux » vont venir créer une géométrie de l’espace qui pourrait même évoquer les colonnes de Buren du Palais-Royal… D’ailleurs ce type de décoration conceptuelle colle bien à l’ego démesuré de Céleste, notre héroïne !

Enfin, l’élément central de la décoration sera une série de portraits photographiques de différentes tailles représentant… Céleste, évidemment !  C’est, vous l’avez compris, une actrice, un tout petit peu narcissique !

Sur ces tirages à taille humaine (qui pourraient aussi masquer les portes de placard et d’entrée), Céleste est mise en scène dans des situations qui la mettent en valeur. Pour ce faire, elle a choisi de se représenter dans des tenues emblématiques de comédiennes célèbres (plus célèbre qu’elle, mais ça, elle ne l’admettra jamais) : Marylin Monroe dans « Sept ans de réflexion », Uma Thurman dans « Kill Bill », Carrie Fisher en Princesse Leia dans « Star Wars » ou Audrey Hepburn dans « My Fair Lady. »

J’aimerais même que Céleste aille encore plus loin dans la mise en scène de ces photos en assumant un style inspiré de celui des artistes Pierre et Gilles.

Tout le décor sera à l’avenant : coloré, plein de vie, pop.

Nous sommes dans la bonne humeur et dans le kitsch. Le code couleur est un mélange de rose fluo, jaune citron et de bleu électrique.

Le Pop Art est la référence absolue, jusqu’à l’affiche de la pièce déclinée en  série d’affiches polychromes rappelant les portraits de Marylin par Andy Warhol.

« Mariage contre la montre », c’est la folie, un tourbillon qui entraîne les spectateurs à cent à l’heure. Le travail sur les lumières ira dans le même sens, avec la possibilité de se lâcher et de créer des espaces-temps singuliers pour chaque chanson.

Mon maître mot sera ÉNERGIE ! Car « Mariage contre la montre » est une comédie basée sur le sens du tempo, sur le rythme. Et j’espère divertir et faire rire les spectateurs d’Avignon et de la France entière avec un véritable tourbillon scénique !